0. Albert EHM (1912-1983) par Laurent GUTIERREZ

 

Extraits de mon article paru dans le n°25 (2009) de la revue "Penser L’Education" :

Homme politique (1) et amateur d’art, Albert Ehm (1912-1983) est également l’auteur d’une thèse sur l’Education nouvelle qui reste encore, à ce jour, une référence pour ceux qui s’intéressent à l’histoire de la pédagogie en France. Appréhendée dans sa dimension historique , l’Education nouvelle vue par Albert Ehm ne fut pas exempte de critiques. C’est pour avoir suscitée de nombreuses réactions, aussi bien chez les promoteurs que chez les détracteurs de ce mouvement d’éducation, que l’étude rétrospective de cette thèse, soutenue en 1938, nous est apparue opportune. Après avoir rappelé le contexte au sein duquel s’inscrit ce travail universitaire, nous appréhenderons les principaux éléments qui firent débat et notamment ceux liés aux fondements philosophiques de l’Education nouvelle. (...).

Diplômé d’études supérieures de philosophie à la Faculté des lettres de Strasbourg pour un mémoire consacré à « La sociologie religieuse de Max Weber », Albert Ehm est nommé répétiteur stagiaire au lycée de Sarreguemines sur décision du recteur d’académie . Il y enseigne quelques temps puis rejoint le collège de Sainte-Marie aux Mines avant de retrouver le collège de Sélestat l’année suivante. En 1934, parallèlement à ses débuts dans l’enseignement, il acquiert son brevet de préparation militaire d’infanterie qui lui permet d’être admis, en 1936, au service de météorologie du Fort de Saint Cyr. Démobilisé, en 1937, et nommé au lycée Fustel de Coulanges, il met à profit ces deux années en travaillant d’arrache pied à ses deux thèses.

Les thèses de doctorat d’Albert Ehm

Le 2 avril 1938, Albert Ehm soutient sa thèse principale consacrée à la pédagogie morale de F.-W. Foerster pour laquelle il reçoit le prix de la fondation René Max Weill . Dans sa thèse complémentaire, il aborde de façon critique « L’Education nouvelle ». (...).

Mis à titre temporaire à la disposition du Ministère de la guerre par l’Education nationale, il est nommé le 8 novembre 1940, professeur de philosophie au Prytanée militaire de la Flèche . Replié en zone libre à Valence dans la Drôme, il s’attelle alors à la rédaction d’Education et Culture.

Education et Culture. Problèmes actuels

Ancré dans le christianisme social et l’esprit de la démocratie chrétienne, cet ouvrage va permettre à son auteur d’affirmer sa conception de l’éducation. Réitérant ses principaux griefs à l’encontre du mouvement de l’Education nouvelle, il s’efforce dans cet essai de trouver « la formule d’une école nouvelle qui réalisera la synthèse vivante de l’activité et de la réceptivité, de l’autorité et de la liberté, qui visera à une éducation vraiment humaine et qui saura conduire l’homme à Dieu, en cherchant par-dessus tout la vérité et le bien de l’enfance » .

Promoteur de l’Education nouvelle dans l’enseignement supérieur

Parallèlement aux cours de philosophie qu’il dispense au lycée de Rodez (Aveyron), Albert Ehm va diriger ce centre de recherches et d’informations pédagogiques jusqu’en juillet 1944 . Coordonnant les études dans toutes les branches de l’enseignement et cherchant, par ailleurs, à établir la liaison avec toutes les réalisations éducatives françaises tout en maintenant le contact avec les organismes du même type à l’étranger, cet institut procède à un enseignement méthodique de toutes les questions ayant trait à l’enfant. (...).

Déclinant la proposition du Général de Gaulle d’occuper, à la Libération, le poste de Sous-Préfet (Altkirch) , Albert Ehm accepte, cependant, de participer à la réinstallation des services de l’Education nationale dans ce département avec le concours du Recteur Prélot et de quelques collègues tels que Emile Baas et Etienne Juillard. A partir du 9 avril 1945, il devient chargé de cours de Pédagogie pratique à la faculté des Lettres de Strasbourg avant de réintégrer son poste de professeur de philosophie au lycée Fustel de Coulanges .

A partir de 1946, attiré par la vie politique, il s’éloigne progressivement des questions de pédagogie. Malgré ses nouvelles attributions, il n’aura de cesse de revenir, durant ses débuts en politique, à ses premières « armes » en participant notamment au 25ème Congrès de l’enseignement professionnel ainsi qu’aux journées des Œuvres de séjour de vacances . Elu, dans un premier temps, Conseiller Général du canton de Marckolsheim lors d’une élection partielle provoquée par le décès du Docteur Oberkirch en février 1947, puis, au Conseil de la République (Sénat actuel) en août 1947, il quitta définitivement le milieu de l’enseignement cette même année. (...).

Laurent GUTIERREZ, le 26.1.2009

Notes :

(1) Albert Ehm fut conseiller cantonal (1947-1950), membre du groupe parlementaire français au Conseil de l’Europe (1948-1950 ; 1963-1967), sénateur (1948-1950), maire de Sélestat (1953-1965), conseiller municipal (1953-1971), conseiller général du Bas-Rhin (1947-1979), conseiller régional (1973-1978), député (1958-1978) et membre honoraire du Parlement (1980-1983).